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lettre patrick le hiharik

Le 22/01/2022

 
a Lettre de la semaine... 
 
 
Bonjour à chacune et chacun,
 
Je vous parle cette semaine de deux ou trois sujets : un ministre à Ibiza, comment on a pu élire une présidente du parlement anti-avortement et la fausse idée de la primaire…

Regarder, plus loin et plus haut que Ibiza

« Un ministre a le droit de prendre des vacances » reprennent en cœur, tels des perroquets, les porte-plumes et les porte-voix du pouvoir. Nous n’allons pas contester ce droit dont tous nos concitoyens devraient pouvoir bénéficier, et qu’ainsi tous les enfants puissent partir en vacances. C’est malheureusement loin d’être le cas.

Comment une soignante, mère de famille, peut-elle comprendre qu’en pleine pandémie, l’un des ministres les plus en vue du gouvernement fasse ses annonces depuis une station balnéaire à la mode ? Elle à qui on a supprimé les congés, à qui on demande toujours plus, sans reconnaissance réelle. Comment la mère d’élève qui fait la queue dans le froid devant une pharmacie pour trouver un test, s’il en reste de disponible, après avoir été dérangée en plein travail peut-elle comprendre cela ?

Bref, après avoir beaucoup menti sur les risques du Covid pour les enfants, le très droitier ministre de l’Éducation nationale s’est permis d’inventer, depuis une plage d’Ibiza, un protocole sanitaire ubuesque, qui a changé cinq fois en cinq jours… À tel point que face au tollé général, le Premier ministre en personne a dû se déplacer sur un plateau de télévision pour tenter de calmer les protestations et lâcher un peu de lest.
Mais il faut regarder plus loin et plus haut que Ibiza. C’est le sens et la nature de la politique éducative mise en œuvre depuis cinq ans et ses conséquences, qu’il convient d’analyser.

Elles sont taillées sur mesure pour insérer notre système éducatif dans les logiques du capitalisme mondialisé. Ainsi, la destruction du baccalauréat ne fait qu’accentuer les inégalités entre les établissements scolaires. Parcoursup laisse des dizaines de potentiels étudiants sur le bord de la route et fait le tri pour mettre de côté les enfants des familles les plus modestes.

Le projet lancé par le Président de la République depuis Marseille, qu’il a repris dans son entretien accordé au Parisien, vise la mise en concurrence des écoles entre elles, et des enseignants entre eux au sein de ces mêmes établissements. Et, puis l’idée qu’il vient de lancer, devant la conférence des présidents d’université, d’en finir avec la gratuité des études universitaires, vise clairement à écarter les enfants des classes populaires des facultés. Un tel projet conduirait les enfants des catégories moyennes à s’endetter, comme c’est le cas aux États-Unis, pour accéder à l’enseignement supérieur.

Ajoutons que l’exclusion des mathématiques du tronc commun des études pour en faire une option, que choisiront les lycéens des milieux les plus informés et les plus favorisés, participent également de cette démarche. Or, précisément, cette discipline revêt un caractère décisif dans une époque qui appelle à une maîtrise par le plus grand nombre du développement des sciences, des progrès technologiques et informationnels.

L’élitisme en la matière, une fois encore, sert l’intérêt des puissants et l’accaparement par des monopoles privés des connaissances et de leurs applications à leur profit.

Cette stratégie s’accompagne d’un discours porté par le ministre, le président et les idéologues du système pour faire croire aux inégalités naturelles, au mérite individuel, au goût de l’effort pour réussir.

C’est bien une idéologie et un système qui sont à l’œuvre. Demander toutes les démissions de ministres que l’on veut, ne suffira pas à soulever le véritable enjeu de l’émancipation et du dépassement du système : débattre et agir pour s’engager vers un après-capitalisme.

Pour cela, il convient de combattre la dépolitisation orchestrée par les droites et les serviteurs du capital. De même qu’il faut battre en brèche les foutaises du « ni gauche-ni droite » qui n’est qu’un paravent idéologique pour préserver le système. En ce sens, le Parti communiste, héritier de Langevin-Wallon, Politzer, Marie Curie, a un rôle déterminant à jouer.

La compromission

Il a été beaucoup fait état cette semaine, de l’élection de la députée maltaise, Roberta Metsola, à la présidence du parlement européen. On s’est beaucoup offusqué de ce choix dans les salles de rédaction et jusqu’au gouvernement, de ce choix d’une député opposée au droit à l’avortement. Nous partageons évidemment cette indignation. Il faut cependant que certains lèvent leurs ambiguïtés et leur double langage.

Le ou la présidente du parlement européen n’est pas désignée, mais élue à bulletin secret. Au terme d’un accord ancien, entre le parti socialiste européen et la droite européenne regroupée au sein du parti populaire européen, le président du parlement alterne tous les deux ans et demi, soit un demi-mandat de la législature pour chacune de ces forces. Le précédent président, David Sassoli, membre du groupe socialiste malheureusement décédé il y a quelques jours, arrivait au terme de son mandat de deux années et demie. Le groupe de la droite européenne a choisi de présenter madame Metsola. C’est ici une inquiétante indication sur le glissement des valeurs de ce côté. Mais ce n’est pas tout.

Dans un parlement qui n’a jamais eu autant de groupes politiques, Roberta Metsola est élue à bulletin secret, au premier tour avec 458 voix sur 690 votes exprimés. Ceci a été rendu possible parce qu’excepté le groupe écologiste et celui de la gauche, aucun autre groupe n’a présenté de candidat dès le premier tour, malgré la personnalité et les orientations de la candidate choisie par la droite. Autrement dit, les groupes socialistes, le PPE de droite et le groupe Renew où se retrouvent les députés macronistes ont soutenu de fait cette candidate. Mieux, l’extrême-droite a retiré son candidat pour laisser le champ libre et mêler ses voix avec les forces citées précédemment.

Ainsi ensemble, droite, socialiste, macroniste et extrême-droite ont agi et voté pour l’élection d’une candidate militante de l’interdiction du droit à l’avortement.

Le secrétaire d’État aux Affaires européennes pratique donc un double langage lorsqu’il affirme à France-info : « Je vous le dis très sincèrement, ça me gêne le symbole de son élection » alors que le groupe Renew présidé par son proche ami Stéphane Séjourné passé comme lui du Parti socialiste au cabinet du président Macron, a fait voter pour elle.

Soyons clair. Il n’a pu le faire sans son accord, ni celui du Président de La République. Et ils l’ont fait en mêlant leurs voix à ceux de l’extrême-droite. Il s’agit ici d’une grave compromission !

D’autant plus grave que Madame Metsola, que j’ai eue à combattre lors de mon mandat de député européen, a de multiples orientations rétrogrades. Elle s’est prononcée en 2015 contre une résolution promouvant l’égalité femmes/ hommes.

Il y a quelques mois, elle a refusé de soutenir une résolution demandant à la Commission européenne de proposer une loi criminalisant les violences faites aux femmes. J’ai pu l'observer dans les commissions d’enquête parlementaire sur les deux grandes affaires de fraude fiscale, Luxleaks et Panama Papers. En 2015, elle s’est battue avec acharnement contre la commission d’enquête sur les Luxleaks. En 2016, au sein de la commission d’enquête sur le scandale des Panama Papers, elle défendait le paradis fiscal que constitue son pays, Malte.

Plus fort encore, son mari Monsieur Ukko Metsola se trouve être l’un des dirigeants de la compagnie nord-américaine des croisières Royal Caribéan et animateur du lobby de ce secteur cité dans l’affaire des Panama Papers en 2016.

Voilà la personne qu'ont choisi ensemble tous ces groupes politiques. Ceux qui remettent en cause les droits des femmes en Europe, comme ceux qui défendent les paradis fiscaux sont aux anges. Après cela, les beaux discours sur les « valeurs européennes » et « la civilisation » ne valent pas grand-chose. Il est toujours utile d’y réfléchir, du point de vue du rapport de forces à construire dans cette enceinte parlementaire européenne.

Présidence française ou relance du surarmement

C’est dans ce contexte que le Président de la République y a tenu discours mercredi dernier. On s’effarouche en certains lieux que son exposé devant le parlement européen, ait été détourné par ses opposants français en un épisode de notre campagne électorale. Mais c’est bien Monsieur Macron qui a choisi ce terrain. Sinon, il aurait fait reporter la présidence française du conseil de l’union européenne, comme l’ont fait avant lui d’autres pays dans lequel se tenaient des élections nationales. Mais, au-delà du bla-bla habituel dans ce cénacle, la presse relève très peu les dangereuses orientations développées : aucune action pour la levée des brevets sur les vaccins, ni pour l’amorce d’un projet d’Europe de la santé, Des mots et des mots sur « l’état de droit » alors que nous en sommes à la treizième loi sécuritaire en France, le droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux en cachant que pour l’y inscrire, il faut obtenir l’unanimité au conseil européen (ce qu’il n’aura pas d’ici le mois de juin), aucun coup de pouce au texte du parlement européen pour améliorer les droits et les statuts des travailleurs ubérisés. Le plus inquiétant se trouve dans la partie de son texte où il explique que « face au retour du tragique dans l’histoire, l’Europe doit s’armer » Le projet de « réarmement stratégique » qu’il propose est un alignement sur les Etats-Unis dans le cadre de l’Otan contre la Russie et la Chine. Cet « Occident » capitaliste a besoin plus que jamais d’une stratégie belliciste en y intégrant les Balkans, pour reconstituer sa domination sur le monde. Nous y reviendrons pour pousser l’idée d’une conférence de sécurité commune et de paix sur notre continent incluant la Russie.
 
 
 
 
 
 
Ni primaire ! Ni populaire !
 
 
Face à l’ultralibéralisme autoritaire au pouvoir, à la montée des extrêmes droites et des droites extrêmes, le désir d’unité des électrices et des électeurs de gauche et de l’écologie, est compréhensible et respectable. Reste à savoir sur quoi les forces politiques qui se réclament de ces camps-là peuvent aujourd’hui s’unir.
 
 
L’histoire récente est de ce point de vue, riche d’enseignements. À la fin des années 50, le grand combat pour l’union autour d’un programme commun de gouvernement, lancé par le Parti communiste, avait abouti à un programme en 1972, puis à la victoire d’une majorité politique en 1981. C’était dans un tout autre contexte. Avec une droite gérant le pays sans discontinuer depuis 1947 et dans un tout autre cadre économique.
 
 
Depuis, notre pays a fait l’expérience de plusieurs gouvernements dirigés par les socialistes qui ont décidé, inflexion après inflexion, renoncement après renoncement, de s’adapter aux canons de la mondialisation capitaliste et des traités européens qu’ils ont approuvé.
 
 
Sur ces faits politiques, un véritable débat entre les forces de gauche, devant nos concitoyens et avec leur concours, n’a jamais réellement eu lieu. Or, il s’agit de questions essentielles pour leur présent, leur avenir, celui du pays et du monde.
 
Aucune réflexion n’a eu lieu sur le quinquennat de François Hollande qui après avoir désigné en paroles « la finance » comme son principal ennemi, a multiplié, une fois élu, les cadeaux sociaux et fiscaux au capital.
 
 
Ce travail de critique et de vérité aurait dû avoir lieu publiquement depuis cinq ans pour rechercher un socle commun de propositions transformatrices et les conditions de son aboutissement.
 
 
Une unité des forces de gauche et écologistes ne peut se réaliser que dans la clarté et sur des engagements précis et argumentés au service des citoyens. Sinon, une unité de façade ne fera que raviver l’infernal cycle « illusions-désillusions-déceptions » sur lequel prospèrent les extrêmes droites et la droite extrême, et dont le clan ultralibéral et autoritaire au pouvoir pourra profiter pour poursuivre son entreprise de démolition de la République sociale et laïque.
 
 
Surfant sur le vide de débat vrai et utile, quelques personnes ont décidé d’organiser à quelques semaines de l’élection présidentielle une soi-disant « primaire populaire ».
 
 
En réalité, derrière ces mots alléchants, il s’agit de faire croire à la recherche d’une union de la gauche pour départager des candidats se réclamant tous de tendances de la social-démocratie et du social libéralisme.
 
 
Dans le période, où les périls sont nombreux, cette opération pourrait être pire que le mal en faisant croire à l’émergence par « la base » (seulement 250 000 inscrits) d’une candidature unique en proposant un choix en celles et ceux qui ont accepté d’y concourir, celles et ceux qui n’ont jamais donné leur consentement, et en excluant d’autres candidatures. Il est d’ailleurs très révélateur que le candidat communiste Fabien Roussel ait été exclu d’emblée par les organisateurs de ce processus.
 
 
Il est tout aussi révélateur, et inquiétant, que la première sortie publique de Christiane Taubira, candidate potentielle, ait été organisée à Saint-Denis, où le parti socialiste n’a eu de cesse de faire tomber la municipalité communiste à son profit. D’ailleurs, le maire socialiste de cette ville déclare son soutien à la candidate du parti radical de gauche.
 
 
Cette prétendue « primaire » dite « populaire » choisit donc d’emblée d’écarter les projets de transformation sociale, démocratique, écologique porté par le candidat communiste. Il faut éviter là comme ailleurs de débattre de l’après capitalisme indispensable pour sauver les êtres humains et la nature. À l’heure où le monde est confronté à tant de défis, sanitaires, de réduction des inégalités, climatiques, géopolitiques, de paix, cette initiative veut empêcher la discussion autour du choix de société et de la nécessité d’engager le monde vers plus de de partages et de coopérations, pour se limiter aux idées de ceux qui voient dans la société de marché, qui fait tant de mal, un horizon indépassable.
 
 
Pourtant une confrontation saine et approfondie sur la nature de la construction européenne, sur les effets néfastes des traités de libre-échange contre la justice sociale et la justice climatique, sur l’élaboration de nouveaux traités pour les peuples et non plus pour les puissances d’argent, sur la réorientation des immenses sommes d’argent vers les services publics, le travail, la recherche et la création, la formation de la jeunesse, sur la laïcité, sur une conception de la propriété publique et citoyenne comme levier de réorientation économique et sociale, serait salvatrice.
 
 
Ce sont ces débats qui sont aujourd’hui étouffés pour être enfermés dans le « cercle de la raison » capitaliste. Et la primaire y contribue.
 
 
Déporter le débat vers l’objet de cette primaire, participe de cet effacement voulu des forces de gauche transformatrices et démobilise les potentiels électeurs de chaque candidat, et fait en sorte qu’ils se résignent à l’idée que la gauche n’a plus aucune chance de l’emporter.
 
 
Les forces économiques et politiques dominantes recherchent l’abstention des catégories populaires car elle sert leur domination. Elles construisent ainsi une hégémonie culturelle d’une droite de plus en plus extrémiste.
 
 
Pourquoi tous les commentateurs qui s’inquiètent tant de la santé de la gauche, n'organisent-ils pas de débats publics entre ses candidats qu’ils ne l’ont fait à l’occasion de la primaire de la droite ? Au lieu de cela, ils préfèrent ne parler de la gauche qu’à partir du découragement engendré par cette fameuse primaire… Et décourage ainsi toute mobilisation alors que depuis des mois, les extrêmes droites ont micros ouverts pour déverser leur haine et leur projet de division, au service de la réélection, par défaut, de M. Macron.
 
 
D’ailleurs, l’un des initiateurs de cette primaire ne soutenait-il pas le Président de la République lors de la dernière campagne présidentielle, tout en nouant des relations avec l’organisation des organisations islamistes de France (affilié aux Frères musulmans) ?
 
 
Aujourd’hui, il est à la tête d’une opération dont il a avoué les véritables intentions. En parlant des candidats de gauche, il a lâché : « notre but est d’essayer de les empêcher d’avoir les 500 signatures ». Puis, cette même personne a appelé à harceler les candidats sur les réseaux sociaux afin de faire « baisser leur côte de popularité » pour les empêcher d’obtenir les prêts auprès des banques permettant de préfinancer leur campagne. Quel grand démocrate ! Depuis la déclaration de candidature de Christiane Taubira, nombreux sont celles et ceux qui ont compris que la « primaire populaire » était utilisée pour l’adouber. Il y a mieux à faire que de faire croire à une femme ou un homme providentiel… En même temps que se déroule le débat présidentiel, ouvrons en grand une discussion avec les citoyennes et les citoyens, les forces de gauche et écologistes pour faire naître un projet de législature commun capable de faire élire une nouvelle majorité progressiste à l’Assemblée nationale. Autre chose qu’une opération séduction qui n’est ni populaire ni une primaire.
 
 

 

lettre patrick le hiharik

Le 16/01/2022

http://r.lettre.patrick-le-hyaric.fr/mk/cl/f/ohb5lPb1n3yKE_zQseV7G2N8OpRxHocDR4M9-cTV1g-1lY_HAgR6ktI_ek_VBTJMwhtN0b5XSIN4pxHpRLtYo5-DTRmM9q0Zvx36sLshlpBr3dcrsrWMNB1H080jzzexQk5jU76K0r3eB2erIQhoIhncK9PQrngjZrV3_cimrTsFRz-hO-ky2T7gzN86Xvdl9lKem7hJSZqZJ98Qg0KnShe8I6RWAbXXENoGlUYQl5PBmOU16VuddzWrrZsnzbCzxlfi-X012g

 

uns seul liste a gauche

Le 12/12/2021

a gauche liste a gauche

 

lettre patrick le hiharik

Le 25/10/2021

 
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La Lettre de la semaine... 
 
 
Bonjour à chacune et chacun,
 
Je m’arrête cette semaine essentiellement sur deux grandes questions européennes : le débat résultant des décisions de la Pologne déclarant que le droit national prime sur le droit européen (tandis que les autorités européennes font primer le droit européen sur les constitutions nationales), et sur le début des débats sur le retour du pacte de stabilité, dont la France devrait demander l’abandon.
 
Je dis aussi quelques mots des déclarations du président de la République dans le cadre de l’anniversaire des crimes du 17 octobre 1961. Je vous invite aussi à acheter le livre de Pierre-Louis Basse reprenant ses huit chroniques parues dans l’Humanité sur « les derniers jours des 27 de Châteaubriant ».
 
Par les temps qui courent, il est très utile de l’offrir à des jeunes autour de soi afin qu’ils connaissent ce chapitre important de notre histoire.
 
Bras de fer entre la Pologne et l’Union européenne : une affaire très politique
 
 
L’arrêt de la cour constitutionnelle polonaise affirmant la primauté du droit national sur le droit européen n’en finit pas d’ébranler les institutions européennes, déjà bien mises à mal par des crises successives.
 
Le premier ministre polonais est venu s’en expliquer sans convaincre devant le Parlement européen et le Conseil européen (qui réunit les chefs d'État ou de gouvernement) doit en débattre cette fin de semaine. Ce sujet révélateur des tensions internes à l’Union européenne mérite d’être étudié de près.
 
Notons tout d’abord que ce débat est engagé car le gouvernement ultraréactionnaire polonais lance une série de dispositifs législatifs mettant en cause les droits humains fondamentaux. Il compte intégrer les fonctions de ministre de la Justice et de procureur général, tout en plaçant le Tribunal constitutionnel sous tutelle directe du gouvernement, déchiquetant ainsi le principe de séparation des pouvoirs.
 
Plusieurs centaines de magistrats ont été licenciés ou frappés de procédures disciplinaires, tandis que les nominations judiciaires se font sous contrôle politique.
Le droit à l’avortement est mis en cause comme la protection des minorités, et le principe de non-discrimination sexuelle est mis au panier. Les traités pour préserver l’environnement comme le droit d’asile sont tout autant battus en brèche. Autrement dit la Pologne, après la Hongrie, bafoue les droits humains et politiques fondamentaux.
 
Ce faisant, le gouvernement ultraconservateur de Pologne n’entend pas manifester sa réprobation des traités ultralibéraux qui déterminent le cadre de la concurrence entre états membres, interdisent les monopoles publics, détruisent des droits et conquis sociaux et démocratiques ou défigurent la définition républicaine des services publics. Au contraire, il les plébiscite.
 
Ici, donc, la Cour de justice de l'Union européenne exige le retrait de la réforme de son système judicaire qui porte atteinte au principe de séparation des pouvoirs, cher à tous les progressistes. Autrement dit, le gouvernement polonais, qui bénéficie plus qu’aucun autre pays des fonds structurels comme des politiques de déréglementation sociale qu’il réclame à tue-tête, ouvre une crise sur des bases les plus exécrables qui soient, tirant les contradictions de la construction européenne vers le bas, c'est-à-dire vers la pire réaction.
 
Juridiquement, cette décision brutale et à visée réactionnaire est fondée sur la prévalence du droit national sur le droit européen. A deux reprises, la Cour constitutionnelle allemande qui siège dans la ville de Karlsruhe a donné un avis similaire, pointant l’absence de peuple européen susceptible de détenir une souveraineté qui supplanterait celle des Etats membres.
 
C’est ainsi que l’Allemagne s’est opposée à la politique d'achat de titres de la Banque centrale européenne validée par la Cour de justice européenne, à la suite de la crise sanitaire, car jugée contraire au dogme monétariste inscrit dans sa Constitution.
 
On n’avait pas entendu, à l’époque, les thuriféraires de l’Europe libérale s’en offusquer aussi bruyamment, alors que cette décision marquait un refus flagrant de solidarité entre Etats membres…
 
On remarque ainsi que les crises qui secouent la construction européenne s’opèrent sur le flanc droit (le Brexit en est un autre exemple probant), tout en mobilisant une question cruciale pour tous les progressistes attachées à la République sociale, celle de la souveraineté.
 
De fait, cette question de la primauté du droit européen sur le droit national, et donc de l’exercice de la souveraineté, n’a jamais été vraiment tranchée et fait l’objet d’une jurisprudence qui entraine les cours vers ce que le juriste Alain Supiot appelle « une guerre du dernier mot ».
 
De ce flou juridique et de cette bataille jurisprudentielle menée par la Cour de justice européenne profitent allégrement les partisans d’une Europe libérale qui, à l’image de Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des affaires européennes et proche de M. Macron, veulent faire plier les états membres à la logique interne, capitaliste et atlantiste, de l’Union européenne.
 
C’est oublier que l’Union européenne n’est pas un Etat fédéral, mais une organisation à qui des Etats ont transféré, dans certains domaines que l’Union cherche sans cesse à élargir, « l’exercice de leur souveraineté » (et non pas leur souveraineté).
 
Ajoutons que les décisions prises au niveau européen n’ont de traduction nationale que dans la mesure où ils font l’objet de traités ou de directives que les Etats ont signés. Ces mêmes traités que nous n’avons cessé de combattre, de celui de Maastricht à celui de Lisbonne qui nous a été imposé contre l’avis majoritaire du peuple français. Les vices de forme démocratiques, au premier rang desquelles le poids exorbitant d’une Commission non élue, devrait donc interdire la suprématie totale du droit européen dès lors que celui-ci vise à réduire ou éliminer des droits sociaux et démocratiques nationaux supérieurs aux normes européennes.
 
Le cadre de l’exercice de la souveraineté populaire reste bien la nation. Autrement dit, en tout domaine devrait être mise en place une clause de non régression sociale, démocratique, féministe, antiraciste ou environnementale.
 
C’est le mouvement populaire qui peut remettre les choses à l’endroit en étant partie prenante d’un processus de construction d’une nouvelle Europe : celle des peuples et non plus des puissances d’argent. Il existe ainsi un espace considérable pour que les syndicats, associations, forces progressistes nationales et continentales luttent contre les tares libérales de la construction européenne.
 
Le caractère juridique de ce débat ne doit donc pas masquer sa dimension fortement politique. On observe en effet que ce sont les forces réactionnaires qui dominent les débats internes à l’Union européenne et ouvrent des crises qui ne remettent aucunement en cause la domination du capital. Bien au contraire ! Il faut donc se garder d’applaudir le bras de fer lancé par la Pologne car il élargit le lit d’une réaction toujours plus virulente et qui se sent de plus en libre d’imposer ses vues sur les questions migratoires, environnementales ou sociales.
 
Et ce qui se dit en Pologne se dit ici aussi de la part des partisans d’un national capitalisme tout aussi impitoyable avec les travailleuses et les travailleurs.
 
Nous avons la responsabilité avec le mouvement populaire progressiste de mener débats et luttes pour transformer radicalement le projet continental en un projet d’Union des peuples et des nations associés, libre et solidaires, sur des sujets souverainement consentis.
 
 
 
Abandonnez le pacte d’austérité !
 
 
Les traités de Maastricht puis de Lisbonne imposent aux Etats européens un carcan baptisé la « règle d’or », tel un principe fondamental, indépassable. Cette règle impose aux pays membre de l’Union européenne de ne pas dépasser 3% de déficit public et un taux d’endettement ne dépassant pas 60% des richesses produites (Produit Intérieur Brut). Si la dette d’un pays de la zone Euro, dépasse ce taux, il est tenu de réduire de 1/20ème la part de la dette supérieure à 60% de son PIB. Cet ensemble de critères, traduit dans les directives européennes, a été baptisé « pacte de stabilité et de croissance ».
 
Il s’avère être un pacte d’austérité qui agit comme un garrot sur les dépenses publiques utiles aux populations. Il pousse aux privatisations pour prétendument combler les déficits. Il encourage à tailler dans les systèmes de protection sociale et de retraite, à impulser des contre-réformes des droits du travail.
 
Face à la pandémie, afin de soutenir l’économie et les entreprises, d’autoriser le chômage partiel, et de bloquer des privatisations dont celle d’Aéroport de Paris, ce pacte a été gelé.
 
Le déficit public et la dette ont donc augmenté. Aujourd’hui, la dette des pays de la zone Euro atteint 100% des richesses annuelles produites.
 
Maintenant, la Commission européenne veut « dégeler » ces carcans. Mardi dernier, elle a déposé sur le bureau du Conseil européen et du Parlement européen, un document d’orientation visant à réactiver le pacte de stabilité.
 
Ces questions paraissent peut-être éloignées, pourtant elle ont tout à voir avec nos vies quotidiennes.
 
Il s’agit de nos services publics, des moyens financiers pour la santé ou l’école, des niveaux de rémunération dans le secteur public – qui peuvent avoir un impact sur les secteurs privés – des systèmes de protection sociale et des retraites.
 
Le remboursement des emprunts contractés par l’Etat et les entreprises ne peuvent servir de prétexte à de nouveaux tours de vis contre les familles populaires. Ce serait une funeste injustice, alors que les mêmes orientations européennes obligent à abaisser l’impôt sur le capital au profit d’une augmentation constante des impôts de consommation notamment la TVA.
 
Ceci explique d’ailleurs pourquoi le gouvernement refuse de diminuer les taxes sur l’énergie, particulièrement les taxes intérieures sur les produits pétroliers ou d’abaisser la TVA sur les produits de première nécessité. Il ne pousse pas non plus à l’augmentation de la rémunération du travail, conformément aux recommandations bruxelloises.
 
Dans les deux cas il préserve la rémunération et la structure du capital.
 
Augmenter les impôts indirects pour financer les réductions de fiscalité sur le capital et le protéger en empêchant une répartition de la valeur des richesses produites au détriment du travail.
 
Une partie de la Commission européenne est pour décider de la reconduction de ces orientations en 2023. D’ici là, ces règles obsolètes resteraient en vigueur. Or, elles sont terriblement dangereuses dans un monde bouleversé, et alors que des investissements considérables sont nécessaires pour la transition écologique et numérique, pour des processus nouveaux de développement humain par l’éducation, la formation, la garantie d’un travail pour chacune et chacun combinée avec des formations nouvelles accessible à toutes et tous, la recherche, pour la santé et un haut niveau de protection sociale dans toute l’Union européenne.
 
Un grand fond européen pour le progrès social et pour la transition environnementale abondée par la Banque centrale européenne, à taux d’intérêt nul ou par création monétaire supplémentaire, constituerait un atout pour changer la nature de la construction européenne pour améliorer la vie des travailleurs et des familles populaires.
 
La douloureuse période de ces derniers mois a démontré à quel point ce sont les pays à forte protection sociale qui ont pu le mieux protéger leur population. On le voit, le principe de concurrence libre et non faussée est antinomique avec le principe de solidarité. Il convient de se libérer et vite des injonctions des institutions européennes obligeant à « stimuler les réformes structurelles » qui n’est que l’autre nom pour compresser la rémunération du travail, repousser encore l’âge de départ en retraite, transférer la protection sociale aux assurances privés.
 
La dette est un outil économique et politique au service des marchés financiers qui grâce à elles se gavent sur le dos des travailleurs et des citoyens.
 
Elle est toujours l’argument pour faire accepter l’inacceptable.
 
Des espaces de débat et de luttes pourraient s’ouvrir partout, dans les villages, les villes, les quartiers, les entreprises, pour imaginer le chemin de l’abandon de ce pacte de stabilité et de croissance.
 
Le débat présidentiel ne peut occulter la nécessité de détruire ces carcans qui font tant souffrir les peuples et enserrent les pays depuis trop longtemps.
 
Il s’agit ici d’un enjeu qui concerne la vie quotidienne de chacune et de chacun et l’avenir des générations futures.
 
Anniversaire du 17 octobre 1961 : lâches contorsions

 

lettre patrick le hiharik

Le 09/10/2021

 
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La Lettre de la semaine... 
 
 
Bonjour à chacune et chacun,

Je veux tout d’abord remercier toutes celles et ceux qui m’ont écrit un mot chaleureux après l’annonce de ma décision de cesser mes responsabilités de président du directoire et de directeur de l’Humanité. Tous vos messages et vos lettres me vont droit au cœur et je m’excuse d’avance de n’avoir pu répondre à chacune et chacun d’entre vous.

J’ai expliqué dans la précédente lettre les raisons de ma décision (qui n’est pas une démission), prise au moment où je considère qu’il faut envisager un nouvel élan pour notre groupe, alors qu’il est à l’équilibre comptable, qu’il va terminer son désendettement et la reconstitution de ses capitaux propres.
 
Certains me souhaitent « une bonne retraite » ! Je ne compte pas la prendre tout de suite. Je reste à la disposition des équipes de l’Humanité et du nouveau directeur Fabien Gay pour apporter l’aide qu’il souhaitera. D’autre part, je m’occupe activement de développer les revues La Terre et Travailler au Futur, notre Fonds de dotation « Humanité en Partage » et l’édition de livres par « les éditions de l’Humanité ».
 
La raison de la création de ces revues consiste en ce qu’elles abordent des thématiques d’une vive pertinence et touchent des enjeux décisifs de notre époque. Enjeux anthropologiques, ceux de l’être humain au travail seul créateur de richesse (avec Travailler Au Futur), et ceux de l’être humain et de la nature (avec La Terre), son environnement qu’il faut d’urgence protéger, améliorer, cultiver au risque de rendre la vie sur notre planète invivable. C’est donc une démarche marxiste qui nous anime (nous aurons l’occasion d’y revenir prochainement).
 
Avec Fabien Gay et la direction générale, comme avec l’ensemble des équipes, l’Humanité est entre de bonnes mains.
 
Ce sont des équipes jeunes qui ont pourtant déjà une belle expérience. Ils sont en phase avec les enjeux de l’avenir dont beaucoup restent à inventer dans les conditions extrêmement complexes de notre temps. Je les connais toutes et tous très bien, et je sais qu’ils sont capables de porter le renouveau dont nous avons tant besoin.
 
C’est d’ailleurs une belle chose qu’ils et elles s’engagent ainsi dans des responsabilités dont je connais parfaitement la nature et le poids quotidien. Il convient donc de leur apporter notre solidarité dans ce travail quotidien. Leur énergie et leur talent seront une force pour affronter les nombreux obstacles qui se dressent sur la route de l’Humanité, dans un contexte de crise de la presse écrite cachée par nos confrères et aggravée par le démantèlement des coopératives de distribution, ainsi que la volonté de La Poste de ne plus distribuer les journaux au profit de sociétés privées de portage.
 
L’inquiétante situation politique, appuyée par un confusionnisme à outrance, doit conduire à développer la lecture de l’Humanité et de L’Humanité Dimanche pour remettre les choses à l’endroit, mais surtout pour partager des réflexions, des analyses, des idées permettant au maximum de nos concitoyens d’agir pour transformer la vie et le monde.
 
L’heure est au combat et au travail pour aider à dégager nos concitoyens de la gangue dans laquelle on tente par un incroyable matraquage de les enfermer. Les penseurs progressistes, les syndicats et les forces de gauche ont un énorme rôle à jouer pour éviter le pire alors qu’un dispositif politique pensé en haut lieu est mis en place pour sauver le capitalisme et empêcher toute alternative de transformation sociale, démocratique et écologique.
 
On en observe tous les jours la manifestation concrète avec la saturation de l’espace public par les idées et la présence de l’extrême droite sur les ondes et les écrans. On nous somme désormais de choisir entre l’extrême droite et … l’extrême droite. Et lorsque l’on n’est pas convaincu du funeste tango Zemmour-Le Pen, les sondages pointent leur nez pour influencer l’opinion. Il se discute même dans les coursives médiatico-politiques de l’opportunité d’un débat Bardella-Zemmour. L’objectif vise à construire une violente contre-révolution idéologique pour tout détricoter de la pensée des Lumières et de l’héritage de 1789, que ces deux personnages abhorrent. Et, en guise de réponse, on nous clame benoîtement que « ce ne sont que des sondages ».
 
Le fond est ailleurs ! Candidat ou pas, M. Zemmour déporte le débat politique des enjeux de classe vers ceux d’une identité présupposée et fantasmée. Il agit comme un missile déstabilisant à la fois la droite républicaine et le parti des Le Pen dont le nom est considéré comme un handicap dans certains cercles de la haute bourgeoisie.
 
Dans leur cossu salon, on pense que Mme Le Pen n’a « aucune chance de gagner un jour ». La macronie et une autre fraction de la haute bourgeoisie à la manœuvre prennent de cette façon l’ancien parti de M. Sarkozy dans une tenaille mortifère, entre Edouard Phillippe et Eric Zemmour.
 
E. Zemmour tente ainsi de capter l’électorat qui s’est porté sur M. Fillon à la dernière élection présidentielle et en appelle à Mme Morano, MM. Wauquiez, Ciotti, Retailleau... Et, le rôle dévolu à M. Phillippe est d’élargir à droite l’assise politique de M. Macron.
 
Les projets qui se concoctent dans les arrières boutiques des mandataires du grand capital visent à installer en France un système ou existerait un grand parti « démocrate » et une force de nature « Trumpiste » pour mieux détruire ce qui a fait la France des Lumières, de 1789, de 1936 et de 1945 : tout ce qui reste des réalisations des gauches authentiques et des communistes et fermer toute possibilité d’alternative.
 
C’est du reste ce qui est à l’œuvre dans la plupart des pays européens. Ceci a déjà des conséquences pour l’électorat et les forces de gauche sommées non pas de présenter leurs propositions et de les mettre en débat, mais de se positionner uniquement par rapport aux idées d’extrême-droite, reprises en cœur par une grande partie du spectre de droite jusqu’au gouvernement. Ainsi, sans être candidat, l’irruption de Zemmour fait déjà bouger le spectre politique dangereusement.
 
Alors que le pouvoir instaure un rabotage inouï de l’indemnité chômage et que le blocage indécent des salaires se perpétue, on découvre que les puissants détournent à leur compte presque l’équivalent de la valeur de la totalité des richesses produites dans l’Union européenne, soit 11 300 milliards de dollars. De quoi donner le vertige ! On aura peu parlé des manifestations de mardi dernier tant les chefs de rédaction on cru bon de devoir nous inonder de la propagande de la réaction.
 
Ainsi, les médias n’ont pas parlé de cet ouvrier de 49 ans écrasé par une poutre en intervenant sur un chantier de la RATP à Malakoff (Hauts-de-Seine). Pas plus qu’ils n’ont parlé de cet ouvrier de 30 ans écrasé et gravement bléssé par un mur en cours de construction à Carrières-sous-Poissy (Yvelines). Ils n’ont parlé d’aucun accident du travail, ni des licenciés étranglés par les frais de logement ou de voiture qu’ils ne peuvent plus honorer. Evidemment ces travailleurs n’ont dépecé aucune usine, ni Wonder, ni Testut, ni Terraillon, n’ont truqué aucun match de foot, ni fait des affaires dans le sport. Ils n’ont pas eu droit à une longue lettre du président de la République dans un quotidien régional. Et ils ne vivaient pas dans un hôtel particulier rue des Saints-Pères à Paris. Ils n’ont pas non plus participé à une émission de pédagogie de la fatalité et du renoncement telle que « Vive la crise ». Les journaux de 20H n’ont donc pu raconter leur vie durant 32 minutes en bousculant leurs programmes. Il n’y a eu non plus aucune image de leurs obsèques où leurs familles et leurs amis portaient leurs cercueils les yeux rougis. Bref ces ouvriers créateurs de richesses ne sont rien pour le système à côté d’un dépeceur d’entreprises, licencieur et destructeur de valeur. Ils n’avaient pas de yacht alors, comme dit l’autre, ils n’avaient pas réussi leur vie... Bref ces travailleurs qui ont perdu la vie cette semaine et beaucoup d’autres malheureusement ne s’appellent pas Tapie.
 
Ce nom nous a été servi jusqu’à la nausée une semaine durant sans aucun regard critique, comme s’il avait servi la France alors qu’il n’a fait que se servir d’elle et de ses travailleurs, comme d’ailleurs de ses sportifs. Une semaine pour nous faire croire que tout le monde peut réussir à faire fortune. Une semaine à vanter les frasques d’un serviteur et profiteur du capitalisme le plus échevelé. Ceci en dit long sur notre époque, le regard incessamment porté sur le rétroviseur pour empêcher des débats et actions nécessaires à la construction d’un autre avenir que celui qui nous est promis dans les tenailles lepéno-zemmourienne et macroniste. Dans un tel contexte, le rôle de l’Humanité est immense pour renverser la vapeur. 
 
 
 
L’électricité ne peut être laissée dans les griffes du marché capitaliste
 
 
Que n’a-t-on pas entendu depuis des années sur les prétendus bienfaits de la dérèglementation européenne dans le secteur de l’énergie et de l’électricité. La concurrence prétendument « libre et non faussée », cette fille naturelle de la Commission européenne, allait apporter lumière et baisse des prix, et ce marché unique européen de l’électricité nous apporter stabilité et protection !

Aujourd’hui, une toute autre musique se fait entendre : nos concitoyens, comme nombre d’entreprises, doivent subir douloureusement le prix de cette orientation ultra-libérale européenne.

Les hausses des prix de l’électricité ne s’explique ni par une augmentation de la demande, ni par une augmentation des coûts de production qui ne représentent qu’une infime part du prix final, mais bien par la déréglementation du secteur de l’énergie et de l’électricité où est désormais imposé un prix non plus stable grâce à un système de production et de distribution intégré comme l’était EDF, mais un prix « de marché » arrimé au cours mondial du gaz et du charbon ainsi qu’au prix européen de CO².
 
Les vraies raisons de la flambée du prix de l’énergie

Ces décisions prises par ladite « Europe de l’énergie » ont été actées définitivement lors d’un sommet européen à Barcelone en 2002. Depuis cette date et contrairement au matraquage des propagandistes du capitalisme, les prix de l’électricité n’ont cessé d’augmenter dans toute l’Union européenne.
 
En vingt ans, ils ont grimpé de 70% dans notre pays. Un « marché » de « gros » a été crée à la faveur de ces orientations européennes. Et sur ce marché, le kilowattheure, quelque soient les coûts de production, faible dans notre pays grâce à nos centrales nucléaires, est vendu au prix de la dernière unité produite. En Europe, ce dernier kilowattheure provient en général d’une centrale à gaz. Le mètre cube de gaz valant trois fois plus cher qu’il y a un an, il pousse à l’augmentation du prix de l’électricité qui s’impose partout en Europe.

Ainsi s’est développé dans le cadre du marché capitaliste, comme pour d’autres matières, un prix dit « spot ». Cela ressemble à une vente de mégawatheure, comme on vend du blé, selon la loi dite de l’offre et de la demande : le prix spot en septembre oscille entre 170 à 200 euros par mégawatheure le jour et est fixé à 120 euros le mégawatheure la nuit.
 
En 2019, toujours en septembre, pour la même consommation d’électricité le prix était de 35 euros par mégawatheure. L’augmentation des prix est donc bien liée au mode de construction du prix dans le cadre du marché capitaliste, auquel s’ajoute un renchérissement, dans le cadre de ce même marché, des énergies dites « renouvelables ».
 
Elles ont coûté en quinze ans environ 160 milliards d’euros, payés sur les factures d’électricité des usagers, pour un résultat plus que mitigé. Mais la partie la plus importante de l’augmentation provient de la création du « marché unique de l’électricité » que nous n’avons cessé de combattre au Parlement européen.
 
Celui-ci démolit les systèmes électriques nationaux et oblige à des privatisations partielles ou totales, alors que la part des impôts dits de « consommation », c'est-à-dire la TVA et les taxes diverses, ont sans cesse augmenté.
 
Or, la production d’électricité n’est pas compatible avec « le marché capitaliste » et « la concurrence ». Les contraintes de production et de distribution sont particulières, car l’électricité n’est pas stockable et les réseaux électriques doivent en permanence être à l’équilibre alors que la demande évolue au fil des journées et d’heure en heure.
 
Faire autrement revient à placer les approvisionnements dans l’insécurité avec toutes les conséquences que cela peut avoir (hôpitaux, usines, écoles…).
 
A l’époque du monopole public EDF, conçu par le ministre communiste Marcel Paul, l’usager était facturé selon une grille tarifaire, simple, stable dans le temps à partir de l’étude des coûts complets de production.
 
Aujourd’hui, la destruction du monopole public et la libération à outrance du prix de l’énergie, notamment de l’électricité connecté au prix du gaz ou du charbon, conduit à indexer une part importante du prix sur les coûts variables de la centrale à gaz ou à charbon la plus chère en fonctionnement sur le marché européen interconnecté.
 
Pourtant ces centrales ne produisent qu’une part infime de l’électricité en Europe. C’est comme si le prix d’une automobile était déterminé par le prix de ses roues.
 
La déréglementation du secteur de l’énergie, pour l’intégrer au marché capitaliste, substitue un mécanisme de commerce de gros à un système où était établi un coût moyen de production servant de base au calcul des prix. Ce système assurait une stabilité en lissant le prix à la consommation sur une longue période.
 
Aujourd’hui plus de 70 entreprises interviennent pour vendre du gaz et de l’électricité aux consommateurs. Celles-ci ne produisent pas un seul kilowattheure, n’ont aucune unité de production, ne participent pas à l’entretien des réseaux mais ont pour seul fonction de vendre des contrats de fournisseur d’électricité qu’elles achètent sur le « marché » en tirant profit de leur commissions de vente. Ce sont de purs parasites qui se nourrissent du travail des autres.
 
Le combat commun des salariés des industries de l’énergie et des usagers est indispensable pour (re)faire de l’électricité un bien commun.
 
Il faut évidemment obtenir une batterie de mesures à court terme pour bloquer et abaisser le prix de l’énergie et de l’électricité, comme la baisse de certaines taxes qui sont des impôts indirects exigés par la Commission européenne. Pour elle, les impôts de « consommation » doivent se substituer à l’impôt de « production » qui est un impôt sur le capital que la Commission européenne cherche à réduire obsessionnellement.
 
L’électricité est un produit de première nécessité dont le taux de TVA devrait descendre à 5,5%. Une telle mesure permettrait de diminuer la facture annuelle d’électricité entre 350 et 400€. Un grand programme de rénovation thermique des habitations devrait être impulsé pour réaliser des économies d’énergie et diminuer les factures des habitants.
 
Mais le combat fondamental doit porter sur le détricotage des directives Européenne et la reconstitution du monopole public d’EDF, dans le cadre d’une réappropriation sociale, démocratique et citoyenne, associant dans sa gestion les salariés, les consommateurs, les élus locaux et nationaux.

 

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